
Avis sur le livre : Il est des hommes qui se perdront toujours
Jusqu’où peut-on haïr son géniteur ? Quelles traces laissent une enfance martyrisée dans une vie sociale, sentimentale et sexuelle ? « Vous n’empêcherez pas qu’il y ait des âmes destinées au poison », dit Antonin Artaud, cité ici entre une partie de baise et un refrain d’IAM. Rebecca Lighieri n’existe pas, mais elle écrit comme Abdellatif Kechiche filme : sensuel, âpre, bourré d’énergie jusque dans la noirceur, avec une conscience aiguë du tragique qui, lui, palpite dans des quartiers trop souvent ignorés par le roman français. Rebecca Lighieri, c’est Zola qui aurait écouté NTM et ma foi, c’est une claque.
Grégoire Leménager, l'Obs - 30 Avril 2020