Avis sur le livre : La confession

L’écrivain Leonard Balmain (il déteste son nom, prévient-il) se retrouve avec un contrat sur la tête pour avoir accepté de rédiger les mémoires d’un certain Torquil Tod, anonyme parfait qui a des choses, semble-t-il, à se reprocher. Tod, ex-hippie et libertarien, a oscillé, sa vie durant, entre psychoses hallucinatoires et fréquentation de communautés plus ou moins sectaires et dangereuses. Ses souvenirs sont donc incertains. Mais, indique Balmain, « je dois ici mettre le lecteur en garde contre la supposition selon laquelle je suggérerais que, parmi tous ces impondérables et ces incertitudes, il n’y a pas de vérité objective ». Publié en 1996 sous le titre Ghostwriting – un ghost­writer, en anglais, est un « nègre » et peut s’entendre littéralement comme « écrivain fantôme » –, ce roman, qui mêle habilement Conan Doyle et Todorov, new age et horreur gothique, jouant sur le pastiche et les nerfs du lecteur, est aussi une réflexion sur les doubles que se crée un écrivain dès qu’il met en place un récit, fût-il de « témoignage ». E. Lo.

Le Monde - 5 Avril 2018