Avis sur le livre : Les massacres de la république romaine

Que l’origine romaine du mot ­ « brutalité » (brutalitas) ne doive rien au hasard est un fait qui a captivé bien des esprits au XXe siècle. Pour autant, les massacres de la guerre des Gaules, l’éradication de Carthage ou les proscriptions sanglantes qui marquèrent la fin de la République préfigurent-ils les génocides des temps modernes ? L’étude approfondie, par Nathalie Barrandon, de la cinquantaine de tueries de masse d’ennemis de Rome perpétrées entre 218 et 30 av. J.-C., et de cinq massacres de citoyens, met en évidence une culture de la cruauté, l’absence quasi totale de droit de la guerre et d’empathie victimaire, plutôt que l’élaboration précoce d’une politique génocidaire décidée à l’avance, souvent motivée par des considérations raciales et cherchant à effacer toutes traces du crime. Malgré l’impact des scènes littéraires, comme les horreurs de la prise de Troie narrées par Virgile dans l’Enéide, l’historienne montre de façon convaincante que les sources historiques latines, parfois corroborées par l’archéologie, peuvent, sur ce point, se montrer crédibles.

Le monde des livres - 11 Avril 2018